reprit Eppie, avec tendresse. Voici ce qu’a dit Aaron : « Je n’aurais jamais l’idée de vous séparer de maître Marner, Eppie. » Et j’ai répondu : « Ce serait inutile si vous pensiez à cela, Aaron. » Il veut que nous vivions tous ensemble, afin que vous n’ayez plus besoin de travailler du tout, papa, à moins que ce ne soit pour votre plaisir. Il vous tiendrait lieu de fils : — voilà ses propres paroles.
— Et aimeriez-vous cela, Eppie ? reprit Silas, en la regardant.
— Cela me serait égal, papa, répondit Eppie tout naturellement. Et j’aimerais bien que les choses fussent telles que vous n’eussiez pas besoin de travailler beaucoup. Toutefois, si ce n’était pas pour cela, je préférerais qu’il n’y eût pas de changement. Je me trouve très heureuse comme je suis : cela me fait plaisir qu’Aaron ait de l’affection pour moi et vienne nous voir souvent, et qu’il se conduise bien envers vous : — il se conduit réellement toujours bien envers vous, n’est-ce pas, petit père ?
— Oui, mon enfant, personne ne pourrait se mieux conduire, dit Silas. C’est l’enfant de sa mère.
— Quant à moi, je ne désire aucun changement, poursuivit Eppie. J’aimerais à rester longtemps, bien longtemps, juste comme nous sommes. Seulement Aaron n’est pas de mon avis ; et il m’a fait pleurer un peu, — oh, rien qu’un peu, — parce qu’il a dit que je ne tenais pas à lui ; qu’autrement, je désirerais notre union comme il la désire.