William Dane ; et bientôt les frères de la Cour de la Lanterne apprirent que Silas avait quitté la ville.
CHAPITRE II
Il est quelquefois difficile, même aux personnes dont l’existence a été variée par l’instruction, de maintenir avec fermeté leurs opinions habituelles de la vie, leur foi dans l’invisible, et le sentiment qu’elles ont réellement éprouvé des joies et des chagrins dans le passé, lorsqu’elles sont soudainement transportées dans un nouveau pays. Car, là, les gens qui les environnent ne savent rien de leur histoire et ne partagent aucune de leurs idées, — là, aussi, la terre, leur mère, présente un autre sein, et la vie humaine revêt d’autres formes que celles qui ont donné la nourriture à leurs cœurs. Les âmes arrachées à leur ancienne foi et à leurs anciennes affections, ont peut-être recherché cette influence de l’exil, qui, comme l’eau du Léthé, efface le passé. Elle fait qu’il devient vague, parce que ses symboles se sont tous évanouis, et rend le présent vague également, parce qu’il ne se rattache à aucun souvenir. Mais, même l’expérience de ces âmes peut à peine leur permettre de se figurer entièrement ce que ressentit un simple tisserand comme Silas Marner, quand