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genêts ; il se trouvera dans le coin du jardin, et, tout auprès, je mettrai des perce-neige et des crocus, car Aaron dit que ces fleurs ne meurent pas, mais qu’elles s’étendent de plus en plus.

— Ah ! mon enfant, » dit Silas, toujours prêt à parler lorsqu’il avait sa pipe à la main, prenant évidemment plus de plaisir à s’arrêter de fumer qu’à lancer des bouffées, « ce ne serait pas bien de ne pas enclore le buisson de genêts. À mon avis, rien n’est si joli à voir quand il est couvert de fleurs jaunes. Seulement je viens de me demander comment nous ferons pour avoir une clôture. Peut-être qu’Aaron saura nous donner un conseil. Il nous en faut nécessairement une, sans quoi les ânes et les autres bêtes viendront tout piétiner. Et ce n’est pas facile d’avoir une clôture, d’après ce que je sais.

— Oh ! je vais vous dire, petit père, » reprit Eppie, joignant tout à coup les mains, après avoir réfléchi une minute. « Il y a une grande quantité de pierres éparpillées çà et là. Quelques-unes ne sont pas grosses : nous pourrions les placer l’une sur l’autre et en faire un mur. Vous et moi nous porterions les plus petites ; Aaron porterait les autres, j’en suis sûre.

— Mais, mon trésor, dit Silas, il n’y a pas assez de pierres pour entourer tout le jardin, et, quant à en porter vous-même, eh bien, il n’y faut pas songer. Avec vos petits bras, vous seriez incapable d’en soulever une plus grosse qu’un navet. Vous êtes d’une