se présenta à elle pour la première fois que le jour où Silas lui montra l’alliance qui avait été retirée du doigt flétri, et conservée soigneusement par lui dans une boîte de laque vernissée, ayant la forme d’un petit soulier. Il avait confié cette boîte aux-soins d’Eppie lorsqu’elle était devenue grande, et elle l’ouvrait souvent pour regarder la bague ; mais, malgré cela, elle ne pensait presque pas du tout au père dont cette bague était le symbole. N’en avait-elle pas un tout près d’elle, qui l’aimait mieux que tous les pères véritables dans le village ne semblaient aimer leurs filles ? Au contraire, la question de savoir qui était sa mère, et comment celle-ci en était arrivée à mourir dans un pareil abandon, préoccupait souvent son esprit. Ce qu’elle savait de Mme Winthrop, sa meilleure amie après Silas, lui faisait sentir qu’une mère devait être très précieuse ; et maintes et maintes fois elle avait demandé à Marner de lui dire quelle était la physionomie de sa mère, à elle, à qui cette pauvre femme ressemblait, et comment il l’avait trouvée contre le buisson de genêts, conduit dans ce lieu par les empreintes des petits pas et les petits bras tendus en avant. Le buisson de genêts était encore là ; et, cette après-midi, lorsqu’elle sortit avec Silas au soleil, ce fut le premier objet qui arrêta les regards et les pensées d’Eppie.
« Papa », dit-elle d’un ton de douce gravité qui, comme une cadence triste et lente, interrompait parfois sa gaieté, « nous enclorons le buisson de