Page:Eliot - Silas Marner.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée

— C’est bien sûr dit Dolly, presque avec contrition, il est plus facile de dire ces choses que de les dire, et j’ai presque honte d’en parler.

— Non, non, dit Silas, vous avez raison, madame Winthrop, vous avez raison. Il existe quelque bien en ce monde, je le sens maintenant ; et cela vous confirme qu’il y en a plus qu’on n’en peut voir, malgré les peines et la méchanceté. Cette coutume de jeter le sort est obscure, mais l’enfant m’a été envoyée, — il y a des vues, il y a des vues à notre égard. »

Ce dialogue eut lieu au temps des premières années d’Eppie, lorsque Silas devait se séparer d’elle pendant deux heures par jour, pour qu’elle allât apprendre à lire chez la maîtresse d’école. Il avait essayé vainement de guider lui-même les premiers pas de sa fille adoptive dans l’instruction. Maintenant qu’elle était grande, Silas avait été souvent amené dans ces moments de paisible confidence qui se présentent aux personnes vivant ensemble dans une affection parfaite, à parler aussi du passé avec elle, — à lui dire comment et pourquoi il avait vécu seul jusqu’à ce qu’elle lui fût envoyée. Il lui aurait été impossible, en effet, de cacher à Eppie qu’elle n’était pas sa propre enfant. Même si on avait pu s’attendre à la réserve la plus délicate sur ce point, de la part des commères de Raveloe en présence d’Eppie, les questions que celle-ci, en grandissant, eût faites relativement à sa mère, n’auraient pu être évitées sans ensevelir complètement le passé, et placer entre