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fléchir, les caressât tous les deux et leur partageât le morceau.

Enfin Eppie jeta un regard sur l’horloge et interrompit le divertissement, en disant ; « Ô petit père, vous désirez aller au soleil fumer votre pipe. Mais il faut que je débarrasse la table d’abord, pour que tout soit bien rangé dans la maison quand marraine arrivera. Je vais me dépêcher… Ce ne sera pas long. »

Silas s’était mis à fumer une pipe tous les jours pendant les deux années qui venaient de s’écouler. Les sages de Raveloe l’avaient fortement engagé à faire usage de cette chose excellente contre les attaques. Leur avis était approuvé par le Dr Kimble, par la raison qu’il n’y avait aucun mal d’essayer ce qui ne pouvait pas en causer : principe qui épargnait à ce monsieur bien de la besogne dans la pratique de la médecine. Silas ne prenait pas un plaisir extrême à fumer, et il s’étonnait souvent de la passion de ses voisins à cet égard ; mais une sorte d’humble acquiescement à toute chose considérée comme bonne, était devenu une forte habitude de cette nouvelle personnalité qui s’était développée en lui, depuis qu’il avait trouvé Eppie près de son foyer. Cet acquiescement s’était trouvé être le seul guide qui eût prêté son appui à l’esprit égaré de Silas, pendant qu’il chérissait cette jeune vie qui lui avait été envoyée des ténèbres où son or était parti. Tandis que Marner recherchait ce qui était utile à Eppie,