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reuse. Je crois qu’il ne me manquera plus rien quand nous aurons un petit jardin ; et je savais qu’Aaron nous le bêcherait, continua-t-elle, d’un air malicieux de triomphe, je le savais très bien.

— Vous êtes une fine petite chatte, en vérité, » dit Bilas, dont la physionomie respirait le bonheur calme de la vieillesse couronnée par l’amour, « mais vous allez vous rendre joliment redevable à Aaron.

— Oh ! non, pas du tout, dit Eppie, riant et folâtrant ; cela lui fait plaisir.

— Voyons, voyons, laissez-moi porter votre livre de prières ; autrement, vous allez le laisser tomber, en sautant de cette façon. »

Eppie s’aperçut alors que sa conduite était observée ; toutefois, l’observateur n’était qu’un âne bienveillant qui paissait avec une bûche attachée au pied, — un âne paisible, ne critiquant pas dédaigneusement les petites faiblesses humaines, mais reconnaissant d’être admis à les partager, en se faisant gratter le nez quand il le pouvait. Eppie ne manqua pas, afin de le contenter, de lui donner cette marque ordinaire d’attention, bien que cela eût pour conséquence l’ennui de voir l’âne les suivre péniblement jusqu’à la porte même de leur demeure.

Mais le bruit d’un aboiement aigu dans la chaumière, au moment où Eppie mettait la clef à la porte, changea les intentions de l’animal. Sans autre invitation, il s’en alla en boitant. L’aboiement aigu était le signe de l’accueil animé que leur pré-