Page:Eliot - Silas Marner.djvu/241

Cette page n’a pas encore été corrigée

prononcer, quand vous n’aviez rien d’important à lui dire, il me semble, — dites, maître Marner ?

— Nous l’appelions Eppie, répondit Silas.

— Eh bien, s’il n’y a aucun mal à raccourcir le nom, ce serait beaucoup plus commode. Alors, je vais m’en aller à présent, maître Marner, et je parlerai au sujet du baptême avant la nuit. Je vous souhaite le plus de chance possible, et j’ai la confiance que mon vœu se réalisera, si vous remplissez votre devoir envers la petite orpheline,… en outre, il faut songer à la faire vacciner. Quant au lavage de ses petits effets, vous n’avez pas besoin de vous adresser à d’autres qu’à moi, car je puis faire cela sans peine lorsque j’ai là mon eau de savon. Oh, le cher petit ange ! Vous me permettrez d’amener mon petit Aaron un de ces jours ; il lui montrera la petite voiture que son père lui a fabriquée, et le petit chien noir et blanc qu’il est en train d’élever. »

Bébé fut donc baptisée, le pasteur décidant qu’un double baptême était le risque le moins grand à courir. Dans cette occasion, Silas, après s’être mis aussi proprement et aussi élégamment qu’il le pouvait, parut pour la première fois à l’église et prit part aux pratiques que ses voisins tenaient comme sacrées.

Il lui était impossible, d’après tout ce qu’il entendait ou voyait, d’identifier la religion de Raveloe avec son ancienne foi. S’il en eût jamais été capable dans le passé, il n’y serait parvenu que sous l’influence d’un sentiment intense, prêt à vibrer avec