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sac contenant l’argent de l’église, et que le pasteur lui-même avait vu le jour précédent. Quelqu’un avait enlevé le sac ; et qui pouvait-ce être, sinon celui à qui le couteau appartenait ? Pendant quelque temps. Silas resta muet d’étonnement. Puis il dit :

« Dieu me justifiera ; je ne sais rien au sujet de la présence du couteau dans cet endroit, ni de la disparition de l’argent. Cherchez sur moi ; cherchez dans ma demeure : vous ne trouverez que trois livres sterling et cinq shillings[1] fruit de mes économies, somme que je possède depuis six mois, comme William le sait. »

À ces paroles, William fit entendre un murmure de désapprobation, mais le pasteur dit à Silas :

« Les preuves contre vous sont accablantes, mon frère Marner. L’argent a été pris cette dernière nuit, et il n’y avait pas d’autre personne que vous avec notre frère défunt ; car William Dane nous déclare qu’une indisposition soudaine l’a empêché d’aller veiller à son tour comme à l’ordinaire. Vous-même, vous avez dit qu’il n’était point venu ; de plus, vous avez négligé le corps du défunt.

— Il faut que j’aie dormi, dit Silas, ou bien que j’aie été sous l’influence d’une manifestation spirituelle semblable à celle dont j’ai été l’objet aux yeux de vous tous, de sorte que le voleur doit être entré et sorti tandis que je n’étais pas avec mon corps, mais sans mon corps[2]. Cependant, je le dis de nouveau,

  1. Voy. page 44, note 1, et page 35, note 1.
  2. II, Corinthiens XII, 2 et 3. (N. du Tr.)