faiblesse qui empêchait ce renoncement. Et en ce moment son esprit s’affranchissait de toute contrainte, et s’élançait vers la perspective imprévue de la délivrance de son long servage.
« Est-elle morte ? disait la voix qui prédominait dans son cœur sur toutes les autres. Si elle l’est, je puis épouser Nancy ; alors, je serai un bon sujet à l’avenir, et je n’aurai plus de secrets. Quant à l’enfant, on en aura soin d’une manière ou de l’autre. » Mais, au milieu de cette vision, se présentait l’autre alternative : « Elle vit peut-être ; dans ce cas, c’en est fait de moi. »
Godfrey ne sut jamais combien de temps s’écoula, avant que la porte de la chaumière s’ouvrît et que M. Kimble sortît. Il s’avança à la rencontre de son oncle. Il venait de se préparer à maîtriser l’agitation qu’il ne manquerait pas de ressentir, quelles que fussent les nouvelles qu’il allait apprendre.
« Je vous ai attendu, puisque j’étais venu jusqu’ici, dit-il, prenant le premier la parole.
— Bah ! c’est absurde de votre part, d’être sorti ; pourquoi n’avez-vous pas envoyé un des domestiques ? Il n’y a rien à faire,… elle est morte,… morte depuis plusieurs heures, je crois.
— Quelle sorte de femme est-ce ? dit Godfrey, sentant le sang lui monter au visage.
— Une jeune femme, mais amaigrie, avec de grands cheveux noirs. Quelque vagabonde,… toute couverte de haillons. Elle a au doigt une alliance,