cette petite sœur. Situa se laissa tomber en défaillance sur sa chaise, sous le double coup d’une surprise inexplicable, et d’un torrent rapide de souvenirs. Comment et quand l’enfant était-elle venue à son insu ? Il n’était point allé au delà de sa porte, Mais en même temps que cette question, et l’écartant presque complètement, naissait dans son âme la vision de son ancienne demeure, et des vieilles rues conduisant à la Cour de la Lanterne. Et cette vision en contenait une autre : celle des pensées qu’il avait eues lors de ces scènes lointaines. Ces pensées lui semblaient étranges aujourd’hui : telles sont les anciennes amitiés qu’il est impossible de faire revivre. Cependant, il avait un vague sentiment que cette enfant était en quelque sorte un messager lui arrivant de cette vie du temps jadis. Ce petit être ranimait des fibres restées insensibles à Raveloe. — d’anciens frémissements de tendresse, d’anciennes impressions de crainte respectueuse causés par le pressentiment que quelque pouvoir présidait à sa destinée ; car son imagination ne s’était pas encore dégagée du sentiment mystérieux produit en lui par la présence soudaine de l’enfant, et elle n’avait supposé aucune cause ordinaire et naturelle qui pût avoir amené l’événement.
Mais un cri se fit entendre sur l’âtre : la petite venait de s’éveiller. Marner se baissa pour la prendre sur ses genoux. Elle s’accrocha à son cou et poussa, avec une force de plus en plus grande, ces