Page:Eliot - Silas Marner.djvu/204

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Merci, monsieur, dit-elle immédiatement. Je ne veux pas vous donner plus d’embarras. Je regrette que vous ayez eu une cavalière qui a si peu de chance.

— C’est très méchant de votre part, » dit Godfrey, restant debout auprès d’elle, sans manifester la moindre intention de partir, « de regretter d’avoir dansé avec moi.

— Oh, non, monsieur, je n’ai pas du tout l’intention de dire quelque chose de méchant, reprit Nancy en minaudant, et jolie à faire perdre la tête. Quand les messieurs ont tant de distractions, une danse est une bien petite affaire pour eux.

— Vous savez qu’il n’en est pas ainsi. Vous savez qu’une danse avec vous m’importe plus que tous les autres plaisirs du monde. »

Il y avait longtemps, bien longtemps, que Godfrey n’avait exprimé quelque chose d’aussi positif que cela. Nancy tressaillit. Mais sa dignité naturelle et sa répugnance instinctive à ne laisser paraître aucune émotion, lui permirent de rester parfaitement tranquille sur sa chaise. Seulement, ce fut d’un ton un peu plus décisif qu’elle dit :

« Non, réellement, monsieur Godfrey, je ne le sais pas, et j’ai de très bonnes raisons de penser le contraire ; néanmoins, si c’est vrai, je ne désire pas l’apprendre.

— Ne me pardonneriez-vous jamais, alors, Nancy ? N’auriez-vous jamais une bonne opinion de moi, quoi qu’il pût arriver ? Ne penseriez-vous jamais que le