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protecteur. Par ici, mon vieux. Ah ! je savais bien que c’était « le Petit Laboureur aux cheveux blonds ». Il n’y a pas d’air plus beau. »

Salomon Macey, petit vieillard encore vert, avec une quantité abondante de longs cheveux blancs qui lui descendaient presque sur les épaules, s’avança vers l’endroit désigné. Il fit une révérence profonde sans cesser de jouer, comme pour faire entendre qu’il avait du respect pour la société, mais qu’il respectait davantage la musique. Aussitôt qu’il eut fini l’air et abaissé sou violon, il s’inclina de nouveau devant le squire et devant le pasteur en disant ; « J’espère que je vois Votre Honneur et Votre Révérence bien portants ; je vous souhaite une parfaite santé, une longue vie et une bonne et heureuse année. Et à vous pareillement, monsieur Lammeter, et aux autres messieurs, et aux dames, et aux jeunes filles. »

En prononçant ces derniers mots, Salomon s’inclinait de tous côtés avec sollicitude, de peur de manquer au respect qu’il devait. Puis, là-dessus, il se mit immédiatement à préluder, et passa bientôt à l’air qu’il savait devoir être considéré par M. Lammeter comme un compliment personnel.

« Merci, Salomon, merci, dit M. Lammeter, lorsque le violon s’arrêta de nouveau. C’est « Sur les collines et bien, bien loin[1] », en vérité. Mon père

  1. 0’er the hills and far away, chanson écossaise, très populaire. (N. du Tr.)