deux sœurs, une vieille fille c’est assez, et je ferai honneur au célibat, car Dieu tout-puissant m’a mise au monde pour cela. Allons ! nous pouvons descendre maintenant. Je suis réellement aussi prête que peut l’être un épouvantail. Il ne me manque rien pour effrayer les corbeaux, maintenant que mes boucles d’oreilles sont mises. »
Comme les deux demoiselles Lammeter entraient dans le salon de réception, celui qui n’aurait pas connu le caractère de chacune d’elles, aurait pu certainement supposer que la raison pour laquelle Priscilla aux traits grossiers, trapue et mal faite, portait une robe semblable à celle de sa jolie sœur, était son aveugle vanité, ou l’invention malicieuse de Nancy pour rehausser sa rare beauté personnelle.
Mais la gaieté inconsciente et l’excellente nature de Priscilla, ainsi que son bon sens, auraient bientôt fait disparaître le premier de ces soupçons ; tandis que le calme modeste de la conversation et des manières de Nancy annonçait clairement un esprit exempt de tout artifice désavouable.
Au thé, des places d’honneur avaient été réservées pour les demoiselles Lammeter, près du haut de la table principale, dans le salon lambrissé. Cette pièce paraissait alors avoir une fraîcheur agréable, avec ses décorations de branches de houx, d’if et de laurier, provenant de la végétation abondante du vieux jardin. Nancy ressentit une agitation inté-