leurs caisses, la veille, attendu qu’elles devaient cuire le matin de ce jour-là, et quitter la maison. Il était donc désirable qu’elles fissent une bonne provision de pâtés de viande pour les domestiques. En terminant cette remarque judicieuse, Nancy se tourna vers les demoiselles Gunn, afin d’éviter l’impolitesse de ne pas s’adresser à elles en même temps.
Les demoiselles Gunn sourirent avec raideur, et pensèrent qu’il était bien dommage que ces personnes riches de la campagne, ayant des moyens d’acheter de si beaux habits, — en vérité, la dentelle et la soie de Mlle Nancy avaient un très grand prix, — fussent élevées complètement dans l’ignorance et la vulgarité. Mlle Nancy disait réellement chair pour viande, conséquent pour considérable, jeval pour cheval, fautes qui choquaient nécessairement les oreilles de demoiselles vivant dans la bonne société de Lytherly. Celles-ci disaient habituellement ceval, même dans l’intimité de leur famille, et n’employaient conséquent que lorsqu’il le fallait. Mlle Nancy, il est vrai, n’avait jamais été à une plus grande école que celle de la maîtresse Tedman. Ses connaissances de la littérature profane n’allaient guère au delà des vers qu’elle avait brodés sur sa grande tapisserie, au-dessous de l’agneau et de la bergère ; et, pour balancer un compte, elle était obligée d’effectuer la soustraction, en enlevant des shillings et des demi-shillings métalliques et visibles, d’un total métallique et visible. À peine y a-t-il de nos jours une servante