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maison un murmure de voix, qui se confondit avec le bruit d’un violon en train de préluder dans la cuisine. Mais les Lammeter étaient des convives dont l’arrivée avait évidemment si préoccupé les gens, qu’on avait regardé par les fenêtres pour les voir venir. En effet, Mme Kimble, qui faisait les honneurs à la Maison Rouge en ces grandes occasions, vint dans le vestibule au-devant de Mlle Nancy pour la conduire en haut. Mme Kimble était la sœur du squire, en même temps que la femme du docteur, — double dignité avec laquelle son diamètre était en raison directe. Aussi, comme un voyage au premier la fatiguait assez, elle accéda à la demande que lui fit Mlle Nancy, de lui permettre de se diriger seule vers la chambre bleue, où, à leur arrivée le matin, les caisses des demoiselles Lammeter avaient été déposées.

On aurait à peine trouvé une chambre à coucher dans la maison, où les dames ne fussent point occupées à se complimenter et à se préparer. La toilette de chacune était plus ou moins avancée, et se continuait dans un espace resserré par les lits supplémentaires étendus sur le parquet. Mlle Nancy, en entrant dans la chambre bleue, eut à faire sa petite révérence de cérémonie à un groupe de six dames. D’un côté, il y en avait deux qui n’étaient rien moins que les demoiselles Gunn, les filles du marchand de vin de Lytherly, habillées à la dernière mode, portant ce qu’il y avait de plus collant en fait de jupes,