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grande ville. Mais je ne les connaissais pas, j’allais à la chapelle[1]. »

Dolly, très perplexe en entendant cette expression nouvelle, fut quelque peu effrayée de pousser plus loin ses questions, dans la crainte que le mot chapelle ne signifiât quelque repaire de méchanceté. Après un instant de réflexion, elle dit :

« Eh bien, maître Marner, il n’est jamais trop tard pour changer de conduite. Si vous n’avez jamais fréquenté l’église, on ne saurait dire quel grand bien cela vous ferait d’y venir. Moi, je me trouve plus à mon aise et plus heureuse que je ne l’ai jamais été, lorsque je suis allée entendre les prières, et les chants aux louanges et à la gloire de Dieu que M. Macey entonne, et les bonnes paroles prononcées par M. Crackenthorp, principalement les jours de communion. Si un peu d’ennui me vient, je sens que je puis le supporter, car j’ai cherché de l’aide où il fallait. Je me suis abandonnée à Ceux à qui nous devons tous nous abandonner à la fin, et, si nous avons fait notre devoir, il ne faut pas croire que Ceux qui sont là-haut vaudront moins que nous et ne feront pas le leur ».

L’exposé que fit la pauvre Dolly de la simple théologie de Raveloe, vint frapper les oreilles de Silas sans qu’il y comprît quelque chose ; en effet, il n’y avait

  1. Les anglicans se servent du mot église pour désigner l’édifice ou ils pratiquent leur culte ; les dissidents emploient le mot chapelle. (N. du Tr.)