attendu que si le vieux malin a envie de faire un peu de bien pour se donner un congé, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi, quel est celui qui peut y trouver à redire ? Voilà mon opinion. Il y a quarante ans que je suis chantre de cette paroisse, et je sais que lorsque le pasteur et moi nous dénonçons la colère céleste, le mercredi des Cendres[1], on ne prononce aucun anathème contre ceux qui ont envie d’être guéris sans médecin, que le Dr Kimble en dise ce qu’il voudra. Par conséquent, maître Marner, comme je vous le disais tout à l’heure, — il y a tant de détours dans les choses, qu’il vous arrive d’être entraîné comme je viens de l’être, jusqu’au dernier chapitre du livre de prières[2] avant de revenir à son sujet, — mon opinion est que vous ne devez pas vous décourager. Quant à s’imaginer que vous êtes un malin personnage, et qu’il y a plus de science dans votre tête que vous ne pourriez en révéler, je ne suis pas de cet avis du tout, et c’est ce que je répète toujours aux voisins. Vous prétendez, leur dis-je, que maître Marner aurait forgé un conte, eh bien, c’est absurde, en vérité. Il faudrait réellement un homme intelligent pour inventer une histoire comme celle-là ; et j’ajoute : lorsqu’il est venu à l’auberge, il paraissait aussi effrayé qu’un lièvre. »
Pendant ce discours sans suite, Silas était resté