saluer Silas et à discuter assez longuement son infortune, lorsqu’ils le rencontraient dans le village, mais aussi à prendre la peine d’entrer dans sa chaumière, et à lui faire répéter tous les détails du vol dans l’endroit même où il avait été commis. Puis, ils essayaient de l’encourager, en disant : « Eh bien, maître Marner, vous n’êtes pas plus malheureux que les autres pauvres gens, après tout ; et, si vous veniez à être impotent, la paroisse vous donnerait un secours. »
Je suppose qu’une des raisons pour lesquelles nous sommes rarement capables de consoler notre prochain par nos paroles, c’est que nos intentions se trouvent corrompues malgré nous avant de parvenir à passer entre nos lèvres. Nous pouvons envoyer du boudin et des pieds de cochon sans leur donner la saveur de notre propre égoïsme ; mais le langage est un courant qui a presque toujours le goût du terroir impur qu’il a traversé. Il y avait une proportion raisonnable de bonté dans le cœur des gens de Raveloe ; seulement, ils exerçaient cette bonté avec la franchise maladroite de l’ivresse, en employant les formes dont la flatterie et la dissimulation se revêtent le moins.
M. Macey, par exemple, vint un soir tout exprès pour informer Silas que les événements récents lui avaient donné l’avantage d’être considéré avec plus de faveur, par un homme dont l’opinion n’était pas formée à la légère. À cet effet, aussitôt qu’il se fut