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dans son tourment. L’aversion qu’il avait toujours inspirée à ses voisins s’était en partie dissipée, grâce au nouveau jour sous lequel son infortune l’avait présenté. Au lieu d’un homme possédant plus d’habileté que les gens honnêtes n’en pouvaient acquérir, et, ce qui était plus grave, nullement disposé à en faire usage en bon voisin, il était évident maintenant que Silas n’avait pas même assez d’habileté pour conserver ce qui lui appartenait. On parlait généralement de lui comme d’une pauvre créature bien cassée, et cet éloignement pour son prochain, qu’on avait attribué auparavant à son mauvais vouloir et à des rapports probables avec la pire société, était actuellement considéré comme pure folie.

Ce retour à de meilleurs sentiments se manifestait de différentes manières. L’air était imprégné de l’odeur de la cuisine de Noël, et c’était la saison où la superfluité du porc et du boudin suggère la charité de la part des familles aisées. Le malheur arrivé à Silas l’avait placé au premier rang dans l’esprit des ménagères telles que Mme Osgood. M. Crackenthorp aussi, tout en avertissant Silas que son argent lui avait probablement été pris parce qu’il y pensait trop et ne venait jamais à l’église, renforçait sa doctrine en lui faisant un cadeau de pieds de cochon, — moyen excellent pour dissiper les préjugés mal fondés, ayant cours sur la réputation du clergé. Les voisins qui n’avaient que des paroles de consolation à donner, se montraient enclins, non seulement à