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— J’aimerais mieux laisser la chose tranquille pour l’instant, si vous le voulez bien, mon père, reprit Godfrey, effrayé. Je crois qu’elle est un peu fâchée contre moi juste en ce moment, et je désirerais lui parler moi-même. Il faut qu’on s’occupe personnellement de ces choses-là.

— Eh bien, alors, parlez et occupez-vous-en, et voyez si vous ne pouvez pas changer de conduite. C’est ce qu’il est nécessaire qu’un homme fasse lorsqu’il songe à se marier.

— Je ne vois pas comment il me serait permis d’y songer à présent, mon père. Vous n’aimeriez pas à m’établir dans une de vos fermes, je suppose, et je ne crois pas qu’elle consente à venir demeurer dans cette maison avec tous mes frères. On y mène une vie différente de celle dont cette jeune fille a l’habitude.

— Elle ne consentirait pas à venir demeurer dans cette maison ? Ne me dites pas cela. Demandez-lui, voilà tout, reprit le squire avec un rire bref et ironique.

— J’aimerais mieux laisser la chose tranquille pour l’instant, mon père, dit Godfrey. J’espère que vous n’essayerez pas de presser les affaires en disant quoi que ce soit.

— Je ferai ce qui me plaira, répliqua le squire, et je vous apprendrai que je suis le maître ; autrement, vous pouvez quitter la maison et partir chercher un domaine ailleurs. Allez-vous-en dire à Winthrop de ne pas se rendre chez Cox, mais de m’attendre… et ordonnez qu’on selle mon cheval.