père, lequel faisait toujours avec son régisseur une promenade qui précédait le déjeuner. Personne ne mangeait à la même heure le matin, à la Maison Rouge. Le squire venait toujours le dernier, afin de donner à un appétit assez faible de plus grandes chances, avant de le mettre à l’épreuve. Il y avait presque deux heures que la table était garnie de mets substantiels attendant son arrivée. C’était un sexagénaire, grand et corpulent. Ses sourcils froncés et le regard assez dur de sa physionomie semblaient ne pas être en harmonie avec sa bouche flasque et sans énergie. Sa personne portait les marques d’une négligence habituelle, et son habillement était mal soigné. Cependant, il y avait dans l’air du vieux squire quelque chose qui le distinguait des fermiers ordinaires de la paroisse. Ceux-ci étaient peut-être à tous égards aussi raffinés que lui, mais ils s’étaient traînés lourdement sur le chemin de la vie, avec la conscience d’être dans le voisinage d’hommes qui leur étaient supérieurs. Ils manquaient, par conséquent, de cette possession d’eux-mêmes, de cette autorité de la parole et de cette prestance qui formaient l’apanage d’un homme considérant les gens au-dessus de lui comme des êtres tellement éloignés, qu’il n’avait personnellement guère plus à faire avec eux qu’avec le Grand Turc. Le squire avait été accoutumé toute sa vie à recevoir l’hommage des gens de la paroisse, et à penser que sa famille, ses gobelets d’argent et tout ce qui lui appartenait, était ce qu’il y avait de plus
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