mort lorsqu’on l’a découvert. Alors Dunsey n’est pas revenu à la maison depuis, n’est-ce pas ?
— À la maison ? Non, reprit Godfrey, et il ferait mieux de ne pas y revenir. Que le diable m’emporte, imbécile que je suis ! J’aurais dû savoir que les choses se termineraient ainsi.
— Eh bien, pour vous dire la vérité, continua Bryce, après la conclusion du marché il me vint positivement à l’idée que votre frère avait bien pu monter le cheval et le vendre à votre insu, car je n’ai pas cru qu’il fût à lui. Je savais que maître Dunsey faisait des siennes quelquefois. Mais où peut-il être allé ? On ne l’a plus revu à Batherley. Il ne doit pas s’être fait de mal, car il a bien été obligé de partir à pied.
— Du mal ? dit Godfrey, amèrement. Il ne se fera jamais de mal ; il est créé pour en faire aux autres.
— Vous lui avez donc réellement permis de vendre le cheval, dites ? reprit Bryce.
— Oui, je voulais m’en défaire ; il a toujours eu la bouche un peu trop dure pour moi, » répondit Godfrey, dont l’orgueil le faisait regimber à l’idée que Bryce devinait que la nécessité l’avait forcé à se séparer de sa monture. « J’allais voir ce qu’Éclair était devenu ; je pensais bien qu’il était arrivé quelque malheur. Je vais repartir maintenant, » ajouta-t-il, en tournant la tête de son cheval, avec le désir de pouvoir se débarrasser de Bryce, car il sentait que la grande crise de sa vie — crise si longtemps redoutée — était proche. « Vous venez à Raveloe, n’est-ce pas ?