deux oreilles du colporteur. En même temps, Jeanne Oates, la fille du savetier, — personne douée d’une imagination plus vive, — affirmait non seulement qu’elle les avait vues, mais qu’elle en avait frémi d’horreur, comme elle en frémissait encore au moment même où elle parlait.
En outre, en vue de jeter plus de lumière sur cette piste de la boîte à amadou, on recueillit dans les différentes maisons tous les articles achetés au colporteur, et on les porta à l’auberge de l’Arc-en-Ciel, pour y être exposés publiquement. En fait, le sentiment général dans le village fut, qu’afin de tirer au clair la question du vol, il fallait accomplir beaucoup de choses à l’Arc-en-Ciel. De plus aucun mari n’avait besoin de s’excuser auprès de son épouse, pour se rendre à cette auberge, tant que ce lieu serait la scène de devoirs publics rigoureux.
Quelque désappointement — peut-être aussi un peu d’indignation — se manifesta à la nouvelle que Silas Marner, interrogé par le squire et le pasteur, avait répondu qu’il n’avait conservé aucun souvenir du colporteur, sauf que celui-ci était venu à la chaumière, mais sans entrer. Il s’était immédiatement éloigné lorsque Silas, tenant la porte entr’ouverte, lui avait dit qu’il n’avait besoin de rien. Tel avait été le témoignage du tisserand. Cependant il se cramponnait fortement à l’idée que le colporteur était le coupable, probablement pour la seule raison que cela lui présentait l’image distincte d’un endroit où