Page:Eliot - Silas Marner.djvu/107

Cette page n’a pas encore été corrigée

situation, « Ne regardons plus fixement les gens et ne crions plus, ou bien nous vous ferons garrotter comme un insensé. Voilà pourquoi je n’ai pas parlé tout d’abord, — je me suis dit : le bonhomme est fou.

— Oui, oui, faites-le asseoir, » dirent d’une seule voix plusieurs des assistants, très contents que l’existence des revenants fût encore une question ouverte.

L’aubergiste força Marner à enlever son habit, et ensuite à s’asseoir sur une chaise au milieu du cercle, de manière que, séparé de toute autre personne, il reçût directement les rayons du feu. Le tisserand, trop abattu pour avoir d’autre but distinct que celui d’obtenir du secours en vue de recouvrer son argent, se soumit sans résistance. Les craintes passagères de la compagnie avaient maintenant disparu pour faire place à un vif sentiment de curiosité, et toutes les physionomies s’étaient tournées vers Silas, lorsque l’aubergiste, après s’être rassis, parla de nouveau :

« Eh bien, voyons, maître Marner, qu’est-ce donc que vous avez à dire,… que vous avez été volé ? Expliquez-vous clairement.

— Il ferait mieux de ne pas répéter que c’est moi qui l’ai volé, » s’écria Jacques Rodney, vivement. « Qu’aurais-je pu faire de son argent ? Je pourrais tout aussi bien voler le surplis du pasteur et le porter.

— Retenez votre langue, Jacques, et écoutons ce