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— Merci ! je suis votre obligé, » dit le maréchal avec un grognement de mépris. « Si les gens sont sots, ce n’est pas mon affaire. Moi, je n’ai pas besoin de connaître la vérité sur les revenants ; je la connais déjà. Mais je ne suis pas opposé à un pari, pourvu que tout soit loyal et sincère. Que l’on parie avec moi dix livres sterling que je verrai le congé de Cliff, et j’irai me tenir là tout seul. Je n’ai pas besoin de compagnie. Je ferais la chose aussi volontiers que je remplirais cette pipe.

— Ah, mais qui vous surveillera, Dowlas, pour s’assurer que vous y êtes ? Le pari ne serait pas loyal, fit le boucher.

— Le pari ne serait pas loyal ? répliqua M. Dowlas avec colère. Je voudrais bien voir quelqu’un se présenter et dire que je veux parier déloyalement. Allons ! voyons ! maître Lundy, je voudrais bien vous entendre dire cela.

— Très probablement que vous le voudriez, reprit le boucher. Mais ce n’est point mon affaire. Je n’ai pas de marchés à conclure avec vous, et je ne vais pas essayer d’obtenir une réduction sur votre prix. Si quelque personne désire vous faire une offre égale à votre estimation, elle le peut. Je suis pour la paix et la tranquillité, voilà.

— Oui, c’est ce que désire tout chien hargneux en train d’aboyer, aussitôt que vous le menacez d’un bâton, dit le maréchal. Mais je n’ai peur ni d’un homme ni d’un revenant, et je suis prêt à parier loyalement. Moi, je ne suis pas un roquet qui détale.