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premier coup d’œil, M. Cleves paraît l’homme le plus laid et le moins ecclésiastique de toute la compagnie ; cependant, chose singulière à dire, c’est là le véritable prêtre de paroisse, le pasteur chéri, consulté, ayant la confiance de son troupeau ; le soutien le plus sûr dans les moments difficiles, le mentor encourageant plutôt que sévère. M. Cleves a le talent de prêcher des sermons que le charron et le maréchal peuvent comprendre ; non qu’il leur parle de choses sans importance, mais il sait appeler une bêche une bêche, et il a le talent de débarrasser les idées de mots inutiles. Regardez-le attentivement et vous trouverez son visage très intéressant, vous verrez beaucoup de vivacité et de sentiment dans ses yeux gris et dans les coins de sa bouche rudement découpée ; un homme, penserez-vous probablement, sorti de la portion la plus laborieuse de la classe moyenne et pour lequel la vie doit être difficile. Il rassemble le lundi soir les ouvriers de sa paroisse et il leur fait une espèce de cours en manière de conversation sur des sujets pratiques ; il leur raconte des histoires ou leur lit, en les leur expliquant, des passages choisis de quelque livre agréable. Si vous veniez à demander au premier laboureur ou artisan de Tripplegate quelle espèce d’homme est le pasteur, il répondrait : « C’est un homme instruit, de bon sens et de franc parler ; très bon et très bienveillant ». Avec tout cela, c’est peut-être le plus savant helléniste de la réunion, si nous en exceptons M. Baird, le jeune homme assis à sa gauche.

Depuis lors, M. Baird a acquis une grande célébrité comme écrivain original et comme professeur donnant des cours dans la métropole ; mais dans ce temps-là il prêchait dans une petite église assez sem-