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semblable confiance, et ses vertus comme amphitryon avaient probablement contribué, tout autant que la position centrale de Milby, à faire choisir sa maison comme rendez-vous ecclésiastique. Au haut bout de sa table il a l’air gracieux, de même que dans toutes les occasions où il figure comme président ou modérateur ; c’est un homme qui paraît savoir écouter, et il offre un excellent amalgame de qualités diverses.

À l’autre bout de la table est assis M. Fellowes, recteur et magistrat ; homme à la voix mielleuse et à la langue agile ; il obtint naguère un bénéfice, grâce au charme de sa conversation et à la facilité avec laquelle il interprétait les opinions d’un baronnet obèse et hésitant, de manière à donner à ce vieux gentilhomme une très agréable opinion de sa propre sagesse. M. Fellowes a parfaitement réussi et a la meilleure réputation partout, excepté dans sa propre paroisse, où, ses paroissiens étant sans doute des gens querelleurs, il est toujours en dispute avec un ou deux fermiers, avec un propriétaire de houillère, un épicier qui fut une fois diacre, et un tailleur qui officiait précédemment comme clerc.

À la droite de M. Ely vous voyez un petit homme au visage blafard et bouffi, dont les cheveux sont relevés tout droits, dans l’intention évidente de donner à sa taille une hauteur plus en rapport avec le sentiment de sa propre importance. C’est le Rév. Archibald Duke, homme très morose et très évangélique, qui a les vues les plus tristes au sujet de l’humanité et de ce qui l’attend, et qui pense que l’immense débit des Pickwick-Papers, récemment terminés, est une des plus fortes preuves du péché originel. Quoique M. Duke ne soit pas chargé d’une famille,