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est assez honteux. J’ai tenu le parti de M. Barton aussi longtemps que je l’ai pu, à cause de sa femme ; mais je ne puis tolérer plus longtemps une telle conduite. Il est insupportable de voir cette comtesse venir avec eux au service du dimanche, et, si M. Hackit n’était pas diacre et si je ne trouvais pas mauvais d’abandonner sa propre paroisse, j’irais à l’église de Knebley. Plusieurs de nos paroissiens y vont déjà.

— Je pensais que Barton n’était que sot, fît M. Pilgrim d’un ton indiquant sa persuasion d’avoir montré une véritable indulgence. Je pensais d’abord que ces gens lui en imposaient. Mais c’est impossible à croire maintenant.

— Il est certain, dit Mme Hackit, qu’elle est venue à Milby avec son prétendu frère, comme un moineau se perche sur une branche ; tout à coup le frère s’esquive et elle se jette sur les Barton. Dieu sait ce qui peut lui avoir donné du goût pour ce pauvre hère de pasteur, qui ne peut pas seulement entretenir sa femme et ses enfants ; moi, je ne sais pas.

M. Barton peut avoir des agréments que nous ignorons, dit M. Pilgrim, qui se piquait du talent d’ironie. La comtesse n’a point de femme de chambre à présent, et l’on dit que M. Barton est très adroit pour l’aider à sa toilette, pour lacer ses bottines et le reste.

— Périsse la toilette ! dit Mme Hackit avec indignation. Et cette pauvre créature qui use ses doigts jusqu’aux os à coudre pour ses enfants ! avoir tout cela à supporter ! Le cœur me saigne de lui tourner ainsi le dos, mais elle a tort de se laisser écraser.

— J’en parlais l’autre jour à Mme Farquhar. Elle m’a dit : « Je pense que Mme Barton est une femme