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maintenant en tournoyant sous le souffle âpre de novembre.

« Ah ! pensa Mme Hackit, je crois que nous serons rudement pincés cet hiver, et je ne serais pas étonnée que ce froid emportât la vieille dame. On dit qu’un vert Noël engraisse le cimetière ; mais, dans cette circonstance, un Noël blanc ferait le même effet. Quand la chaise est assez usée, n’importe qui s’y assied… »

Toutefois, à son arrivée à la ferme de la Croix, la perspective de la mort de Mme Patten fut, dans son imagination, renvoyée à une distance indéfinie ; car miss Gibbs lui apprit que la malade était beaucoup mieux, et la conduisit, sans la faire annoncer, à la chambre à coucher de la vieille dame. Janet terminait à peine son récit circonstancié de l’attaque dont sa tante avait été frappée et des souffrances qu’elle avait éprouvées ensuite, récit que Mme Patten, dans son bonnet de nuit bien plissé, semblait écouter avec une résignation dédaigneuse, se contentant de critiquer de temps en temps le récit de Janet par un mouvement de tête, lorsque le bruit des fers d’un cheval sur le pavé de la cour annonça l’arrivée de M. Pilgrim, dont le grand corps et les bottes à revers firent leur apparition. Il trouva Mme Patten en si bonne voie de guérison, qu’il n’eut pas besoin de prendre l’air solennel et put passer, sans l’offenser, des expressions de condoléance au commérage ; la tentation d’avoir Mme Hackit pour auditeur fut irrésistible.

« Quelle chose honteuse arrive à votre pasteur ! dit-il en se renversant en arrière dans son fauteuil, après s’être penché vers le lit.

— Oui ! malheureusement ! dit Mme Hackit, cela