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veillant de Milly. Bientôt les malles formidables remplies et fermées de la comtesse arrivèrent, avant que l’indignation l’éloignât elle-même de la maison de Camp-Villa, et elles furent déposées dans la chambre à coucher disponible et dans deux cabinets qui étaient encombrés, mais que Milly vida pour les recevoir. Une semaine après, les beaux appartements de Camp-Villa étaient de nouveau à louer, et le départ soudain de M. Bridmain ainsi que l’installation de la comtesse Czerlaska à la cure de Shepperton faisaient le sujet de la conversation générale. La population vertueuse et clairvoyante de Milby et de Shepperton y trouva la confirmation de ses soupçons et s’apitoya sur l’augmentation des frais de table du Rév. Amos Barton.

Mais, lorsque les semaines et les mois se succédèrent, sans amener le départ de la comtesse, lorsque l’été et la moisson l’eurent laissée occupant encore la chambre à coucher et les deux cabinets, ainsi qu’une grande partie du temps et des soins de Mme Barton, de nouvelles et peu flatteuses conjectures s’ajoutèrent aux anciennes et commencèrent à prendre la forme de convictions arrêtées, même dans l’esprit des paroissiens les mieux disposés pour M. Barton.

Ce serait ici l’occasion, pour un auteur accompli, d’apostropher la calomnie, de citer Virgile et de montrer qu’il connaît à fond les choses les plus ingénieuses dites à ce sujet dans la littérature choisie. Mais à quoi sert l’occasion pour un homme qui ne peut pas en profiter ? Ce n’est qu’un œuf stérile que les vagues du temps emportent dans le néant. Aussi, comme ma mémoire est peu fournie et mon livre de