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même dans sa vie innocente, ayant souvent entendu parler de conduites pires que celles de M. Bridmain, évita de répondre directement.

— M’en parler ! Non. Il n’a pas même eu cette politesse. Je suis entrée à l’improviste dans la salle à manger et je l’ai surpris qui embrassait cette fille ; à son âge, c’est écœurant, n’est-ce pas ? Et, quand je lui ai reproché à elle de permettre de semblables libertés, elle m’a répondu effrontément que, mon frère s’étant engagé à l’épouser, elle ne voyait aucun mal à lui permettre de l’embrasser. Edmond est un lâche et a eu l’air effrayé ; mais, lorsqu’elle l’a sommé de dire si cela n’était pas vrai, il a essayé de prendre courage et a prononcé un oui. J’ai quitté la chambre avec dégoût, et ce matin j’ai interrogé Edmond. Il est décidé à épouser cette fille ; il avait tardé de me le dire, parce qu’il est honteux de lui-même. Je ne puis rester, vous le comprenez, dans une maison dont ma femme de chambre est devenue la maîtresse. Et maintenant, Milly, je viens implorer votre hospitalité pour une semaine ou deux. Voulez-vous me recevoir ?

— Certainement, dit Milly, si vous voulez vous accommoder de notre pauvre local et de notre simple manière de vivre. Nous serons charmés de vous recevoir.

— Je trouverai une véritable consolation à passer quelques jours avec vous. Je me sens incapable pour le moment de me rendre chez d’autres amis. Je ne sais à quoi se résoudront ces deux misérables, ils quitteront le voisinage, j’espère. J’ai engagé mon frère à le faire avant de se déshonorer ainsi. »

Quand Amos rentra, il approuva l’accueil bien-