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çait au-dessus de ses paroissiens de la classe moyenne.

Cependant, à mesure que les jours s’éclaircirent, les joues et les lèvres de Milly en firent autant, et au bout de quelques semaines elle se montra aussi laborieuse que jamais, quoique des regards attentifs eussent pu découvrir que cette activité ne lui était pas facile. Mme Hackit s’en était aperçue, et, un jour que M. et Mme Barton avaient dîné chez elle pour la première fois depuis le rétablissement de Milly, elle dit à son mari : « Cette pauvre femme est terriblement faible ; elle ne pourra pas résister si elle a encore un enfant ».

M. Barton, pendant ce temps, avait été infatigable. Il avait improvisé deux sermons chaque dimanche à la maison de travail, où l’on avait arrangé une salle pour le service divin, pendant les réparations de l’église ; et il s’était rendu le même soir dans quelque chaumière à l’une ou à l’autre des extrémités de sa paroisse, pour faire un autre sermon, encore plus improvisé, dans une atmosphère nauséabonde. Après tous ces travaux, on comprend sans peine qu’il était épuisé à neuf heures et demie du soir, et qu’un souper amical à la table de l’un de ses paroissiens, suivi d’un ou de deux verres de grog, était un renfort bienvenu. M. Barton n’était nullement ascétique ; il pensait que les avantages du jeûne n’étaient bons que dans ses rapports avec l’Ancien Testament ; il aimait à se reposer par un peu de causerie ; il est vrai que miss Bond et d’autres dames enthousiastes regrettaient quelquefois que M. Barton laissât de temps à autre faiblir sa supériorité à l’égard des choses de la chair. Les dames maigres, qui prennent peu d’exercice, et dont le foie n’est pas de force à supporter des stimu-