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pour le soulagement des pasteurs dans le besoin.

Dans cet état de choses, les paroissiens de Shepperton durent penser que leur ministre avait bien plus besoin de leur aide matérielle, qu’eux-mêmes n’avaient besoin de ses secours spirituels ; ce qui n’était pas très convenable dans ce siècle et pour ce pays, où la confiance dans les hommes, basée seulement sur leurs dons spirituels, a considérablement diminué, et surtout dans une localité très peu sensible à l’influence du Rév. Amos Barton, dont les discours n’auraient pas eu un pouvoir bien efficace, même dans un siècle de foi.

Mais, demanderez-vous, la comtesse Czerlaska ne s’occupa-t-elle pas de ses amis ? Certainement ; elle fut infatigable à visiter la douce Milly ; elle restait auprès d’elle des heures entières, et, s’il vous paraît singulier qu’elle ne pensât ni à emmener l’un ou l’autre des enfants, ni à subvenir à quelques-uns des besoins de Milly, c’est qu’on ne peut pas s’attendre à ce que des dames de haute condition et habituées au luxe s’immiscent dans des détails de pauvreté. Elle mettait beaucoup d’eau de Cologne sur le mouchoir de Mme Barton, arrangeait son coussin et son tabouret, l’embrassait, l’enveloppait d’un châle qu’elle enlevait de ses propres épaules et l’amusait avec des anecdotes de ses voyages à l’étranger. Quand M. Barton les rejoignait, elle parlait de tractorianisme, de sa détermination à ne pas rester dans le tourbillon de la vie mondaine, et de son désir de voir le ministre dans une sphère digne de ses talents. Milly trouvait charmantes sa vivacité et son affection ; tandis que le Rév. Amos avait le sentiment intime d’une sorte d’introduction dans la vie aristocratique, qui à son point de vue le pla-