Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la malade. C’était cet enfant que Mme Hackit, dans un accès de sévérité, avait déclaré n’être bon qu’à fouetter ; mais, en le voyant aussi tranquille et aussi sage, elle lui sourit le plus agréablement qu’elle put, et se baissa pour lui donner un baiser, faveur que Dickey refusa obstinément.

« Voyons, prenez-vous des choses assez nourrissantes ? » fut une des premières questions de Mme Hackit, et Milly s’efforça de faire croire qu’elle ne courait d’autre risque que d’être trop gâtée. Mais Mme Hackit découvrit par ses réponses que M. Brand avait ordonné le vin de Porto.

Pendant cette conversation, Dickey s’occupait de caresser et de baiser la main de sa mère, tellement qu’elle lui dit en souriant : « Pourquoi baises-tu ma main, Dickey ?

— Elle est si zolie », répondit l’enfant, qui, vous le voyez, était en retard pour la prononciation.

Mme Hackit se rappela toujours cette petite scène et ne pensa plus qu’avec une tendre pitié au garçon bon à fouetter.

Le jour suivant, arriva, avec les compliments de Mme Hackit, un panier contenant une demi-douzaine de bouteilles de porto et une couple de poulets. Mme Farquhar se montra aussi très bonne ; elle insista pour que Mme Barton ne prît d’autre arrow-root que le sien, qui était du véritable indien, et elle emmena Sophie et Fred passer quinze jours chez elle. Ces attentions et d’autres rendirent plus supportable la situation aggravée par la maladie de Milly, mais ne purent empêcher l’augmentation des dépenses, et M. Barton pensa sérieusement à la nécessité d’exposer sa situation à une certaine caisse de secours fondée