Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tenir. Quoi qu’il en soit, vous êtes libre de refuser de poursuivre mon histoire, et vous trouverez facilement quelque lecture plus à votre goût, car il ne manque pas de romans remarquables, pleins d’incidents émouvants et de situations déchirantes.

Maintenant, ceux qui portent déjà quelque intérêt au Rév. Amos Barton et à sa femme seront satisfaits d’apprendre que M. Oldinport prêta les vingt livres. Mais vingt livres sont bientôt épuisées quand on en doit déjà douze au boucher et que les huit souverains qui restent font naître, pendant le froid de février, la tentation de se commander un vêtement chaud. M. Bridmain s’écarta des règles d’économie que lui imposaient la toilette de la comtesse et son habile femme de chambre ; il choisit une belle robe de soie noire et solide, telle que son œil expérimenté pouvait en juger, et l’offrit à Mme Barton, en dédommagement de l’accident qui lui était arrivé à sa table ; mais, hélas ! chaque mari a pu le savoir, qu’est-ce qu’une robe quand vous manquez de tous les accessoires qui doivent l’accompagner, et quand il y a six enfants qui usent et déchirent plus de vêtements que ne peut l’imaginer l’esprit d’un célibataire ?

L’équilibre entre le revenu et la dépense offrait des difficultés nouvelles à M. et à Mme Barton ; car, peu de temps après la naissance du petit Walter, une tante de Milly, qui avait toujours habité avec elle depuis son mariage, s’était retirée chez une autre nièce, emportant ses meubles et son revenu annuel ; très probablement poussée à cette démarche par une légère altercation qu’elle avait eue avec le Rév. Amos pendant que Milly était