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et certaines conclusions pratiques d’un genre très arrêté. L’une était qu’il y a dans la vie des choses plus solides qu’un titre et de beaux favoris, et que, en acceptant un second mari, elle regarderait ces avantages comme tout à fait subordonnés à une voiture ou à un douaire. Elle avait aussi reconnu par des expériences multipliées que l’espèce de poisson qu’elle recherchait était difficile à rencontrer dans les villes de bains, toutes occupées par de nombreuses et belles pêcheuses et par des hommes dont les favoris et les revenus étaient fort problématiques ; en sorte qu’elle s’était résolue à essayer d’un endroit où les gens fussent tous parfaitement au courant des affaires les uns des autres et où les femmes fussent pour la plupart laides et mal mises. Le pauvre esprit de M. Bridmain avait adopté les vues de sa sœur, et il lui semblait qu’une femme aussi belle et aussi distinguée devait faire un mariage qui l’élèverait jusqu’à la région des célébrités du comté, et lui donnerait au moins une sorte de parenté avec les membres du Parlement.

Telle était la simple vérité ; elle aurait paru bien plate aux médisants de Milby, qui se complaisaient à des inventions bien autrement piquantes. Il n’y avait rien là de bien terrible. La comtesse était un peu vaine, un peu ambitieuse, un peu égoïste, un peu légère, un peu frivole, un peu coutumière d’innocents mensonges.

Mais qui est-ce qui s’arrête à de si minimes imperfections, à ces toutes petites taches morales ? Ont-elles jamais empêché d’être admis dans la société la plus respectable ? Certes les dames sévères de Milby auraient reconnu que ces bagatelles ne créaient