Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

John ne faisait point la cour. Comment voulez-vous qu’on vous fournisse assez de sauce si vous l’employez à inonder les robes ? »

John répliqua humblement : « Vous devriez humecter le dessous de la saucière, pour l’empêcher de glisser.

— Humectez votre cervelle », riposta la cuisinière, qui probablement regardait cette réponse comme une impertinence et dont la réplique eut le don de réduire John au silence.

Plus tard, dans la soirée, tandis que John enlevait du salon le service à thé et brossait les miettes de pain de la table, tout en sifflant comme il en avait l’habitude pour s’encourager à brosser le cheval de M. Bridmain, le Rév. Amos Barton tira de sa poche une mince brochure à couverture verte, et dit en la présentant à la comtesse :

« Vous avez été satisfaite, je crois, de mon sermon du jour de Noël. Il a été imprimé dans le journal la Chaire, et j’ai pensé qu’un exemplaire vous serait agréable.

— Oh ! certainement. Je serai très heureuse de pouvoir lire ce sermon. Il y avait tant de profondeur, tant de raisonnement ! Ce n’était pas un sermon à n’entendre qu’une fois. Je suis enchantée qu’il puisse être connu, comme il le sera, maintenant qu’il est imprimé dans la Chaire.

— Oui, dit Milly innocemment ; j’ai été si charmée de la lettre de l’éditeur. » Et elle prit son petit agenda de poche, où elle renfermait comme un trésor cet autographe, tandis que M. Barton riait, en disant : « Quelle niaiserie, Milly.

— Vous voyez, dit-elle en donnant la lettre à la