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loir accorder la préférence à M. Ely. Pour moi, je ne puis l’admirer. Sa prédication est trop froide pour moi. Elle n’a point de ferveur, point d’onction. Je le dis souvent à mon frère : c’est un grand avantage pour moi que Shepperton ne soit pas trop loin, afin que nous puissions y aller ; n’est-ce pas, Edmond ?

— Oui, répondit M. Bridmain ; nous avons un si mauvais banc à Milby ; il est justement exposé à un courant d’air qui vient de la porte. La première fois que j’y suis allé, j’en suis revenu avec le cou tout raide.

— Ah ! c’est le froid qui part de la chaire qui m’affecte ; ce n’est pas celui du banc. Ce matin, en écrivant à mon amie lady Porter, je lui disais mon opinion. Elle et moi, nous pensons de même sur ces sujets. Elle désire vivement que, lorsque sir William aura l’occasion de disposer de la cure de Dippley, il puisse y placer un homme habile et d’un véritable zèle. Je lui ai parlé de certain de mes amis qui, je crois, serait bien son fait. C’est une si jolie cure, Milly, que vraiment je voudrais vous en voir la maîtresse. »

Milly sourit en rougissant un peu. Le Rév. Amos, lui, devint très rouge, et fit entendre un petit rire d’embarras. Il pouvait difficilement contenir ses muscles dans les limites du sourire.

En ce moment, John, le domestique, s’approcha de Mme Barton avec une saucière et aussi avec une légère odeur d’écurie, qu’il conservait généralement pendant son service à l’intérieur. John était nerveux, et, la comtesse lui ayant adressé la parole dans ce moment inopportun, la saucière glissa de ses mains, et son contenu se répandit sur la robe nouvellement retournée de Mme Barton.