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admiration excessive pour de petites mains et de petits pieds, pour une taille élancée, pour de grands yeux foncés, pour des cheveux noirs et soyeux. La comtesse possédait tout cela, et de plus un nez délicatement formé, très légèrement bombé, et le teint clair d’une brune. Sa bouche, il faut l’avouer, était un peu en arrière de son menton et, pour un œil exercé, annonçait le casse-noisette pour l’âge avancé.

Mais, à la clarté du feu et des bougies, la vieillesse semblait bien éloignée ; la comtesse ne paraissait pas plus de trente ans.

Regardez ces deux femmes assises sur le même sofa ! Milly, forte, blonde, aux yeux doux et timides ; même dans l’intimité il ne lui est pas facile de parler de l’affection dont son cœur est plein. La comtesse, petite, brune et les lèvres minces, agite son petit cerveau pour trouver des mots caressants et de charmantes exagérations.

« Et comment se portent les chérubins de la maison ? » dit-elle en se baissant pour prendre Jet ; et sans attendre la réponse : « J’ai été retenue chez moi depuis dimanche par un refroidissement ; sans cela je ne serais pas restée sans vous voir. Qu’avez-vous fait de ces malheureux chanteurs, monsieur Barton ?

— Nous avons organisé un nouveau chœur qui, avec un peu d’étude, ira très bien. J’étais décidé à ce que l’ancienne bande fût renvoyée. Je leur avais donné l’ordre de ne pas chanter le psaume du mariage, comme ils l’appellent, qui jette le ridicule sur les nouveaux mariés, et ils l’ont chanté pour me braver. Je pourrais, si je le voulais, les faire comparaître devant une cour ecclésiastique pour avoir fait dans l’église opposition au pasteur.