Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE III

La lune inonde de sa pâle lueur la neige gelée et les pins à barbe blanche qui entourent Camp-Villa, en jetant leur ombre bleuâtre à travers la route ; le Rév. Amos Barton et sa femme font craquer sous leurs pieds la neige friable, en s’approchant vendredi soir, vers les sept heures, de cette agréable habitation de campagne, qui n’est qu’à un demi-mille de Milby.

Au salon brille un feu dont la clarté réjouissante vacille sur la robe de soie d’une dame qui, protégée par un écran, s’appuie dans l’angle d’un sofa, et cette même clarté permet de voir que les cheveux d’un personnage assis sur le fauteuil en face, une gazette sur les genoux, deviennent décidément gris. Un petit king’s-Charles, un ruban rouge autour du cou, assis au milieu du garde-feu, s’aperçoit que cette zone est trop chaude pour lui et saute sur le sofa avec l’intention évidente de se coucher sur la robe de soie. Deux bougies sont sur la table, prêtes à être allumées dès qu’on entendra les invités.

On frappe ; les bougies sont allumées et bientôt M. et Mme Barton sont introduits : M. Barton, raide et en