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exprimer devant le ministre des sentiments peu irréprochables ; mais M. Barton, prévoyant que cet épisode contribuerait peu à l’édification, dit : « Silence ! » de sa voix la plus sévère. « Que je n’entende point de dispute. Votre garçon ne se conduira pas bien si vous lui donnez l’exemple de l’insolence. » Puis se baissant vers maître Fodge et le prenant par l’épaule : « Aimez-vous à être battu ?

— Non.

— Alors vous êtes un nigaud de vous mal conduire. Si vous n’étiez pas méchant, vous ne seriez pas battu. Si vous êtes indocile, Dieu sera fâché, ainsi que M. Spratt, et Dieu peut vous brûler pour toujours. Ce sera bien pire que d’être battu. »

L’expression de maître Fodge témoignait que cette menace le laissait assez indifférent.

« Mais, continua M. Barton, si vous êtes un garçon sage, Dieu vous aimera et vous grandirez pour être un honnête homme. Maintenant, faites en sorte que j’entende dire jeudi prochain que vous avez été un bon garçon. »

Maître Fodge ne distinguait pas clairement quel bénéfice lui reviendrait de ce changement de conduite. Mais M. Barton, comprenant que miss Fodge avait touché un sujet délicat, en faisant allusion à l’oie rôtie, était décidé à ne plus entendre de discussion entre elle et M. Spratt ; aussi, disant adieu à ce dernier, il quitta promptement le collège.

La neige tombait en flocons de plus en plus épais, et le jardin de la cure avait déjà son manteau blanc lorsque le pasteur le traversa. Mme Barton l’entendit ouvrir la porte et courut du salon à sa rencontre.

« Je crains que vous n’ayez les pieds mouillés, cher