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« Vous irez bientôt là où il n’y a plus de tabac. Vous aurez besoin de miséricorde. Rappelez-vous qu’alors vous chercherez le pardon, et que vous ne le trouverez plus, pas plus que votre tabac maintenant. »

Dès le début de cette exhortation, le clignement d’yeux de Mme Brick s’arrêta. Le couvercle de la boîte fit click, et son cœur se ferma en même temps.

Mais l’attention de M. Barton fut appelée sur M. Spratt, qui tirait de la foule un petit garçon récalcitrant. M. Spratt était un homme de petite taille, d’une loquacité tempérée par l’hésitation, et qui se piquait d’exprimer en toute occasion des sentiments irréprochables en termes irréprochables.

« Monsieur Barton, monsieur, ah ! ah ! excusez-moi d’empiéter sur votre temps, ah ! pour vous prier d’administrer une semonce à ce garçon ; il est, ah ! ah ! tout à fait endurci dans sa mauvaise conduite pendant le service. »

Le coupable endurci était un garçon de sept ans, dont le nez réclamait vainement un mouchoir. Mais M. Spratt n’eut pas plus tôt énoncé sa plainte, que miss Fodge s’élança et se plaça entre M. Barton et l’accusé.

« C’est mon enfant, monsieur Barton, s’écria-t-elle, manifestant son instinct maternel en appliquant son tablier au nez de sa progéniture. Il est toujours à le trouver en faute et à le maltraiter pour rien. Qu’il aille manger son oie rôtie, dont l’odeur nous vient au nez pendant que nous avalons notre bouillon maigre, et qu’il laisse mon garçon tranquille.

Les yeux de M. Spratt étincelèrent, et il faillit