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avec un certain nombre d’enfants indociles, sur lesquels M. Spratt, le directeur de la maison de travail, exerce une surveillance impatiente, et vous admettrez, je pense, qu’un ministre formé à l’université, et dont la charge est de faire comprendre l’Évangile à une réunion de pareilles âmes, a une tâche suffisamment pénible. Car, pour avoir quelque chance de succès, sans une intervention miraculeuse, il faut qu’il descende à la portée de pauvres gens qui n’ont aucun aperçu des vérités religieuses, lui chez qui les dogmes ont une si grande vitalité. Il faut une imagination bien flexible pour faire un tel saut, et une langue bien souple pour y adapter son langage. Le Rév. Amos Barton n’avait ni l’une ni l’autre. Il parlait d’Israël et des péchés d’Israël, de vases d’élection, de l’agneau pascal, du sang comme moyen de réconciliation ; et il s’efforçait ainsi, de son mieux, de mettre la vérité religieuse à la portée de l’esprit borné des Fodge et des Fitchett. Ce matin même, la première leçon fut le douzième chapitre de l’Exode, et l’explication de M. Barton porta sur le pain sans levain. Rien au monde de plus convenable pour les intelligences simples que l’instruction donnée au moyen de types familiers et de symboles ! Mais il en résulte toujours un danger : c’est que l’intérêt et la compréhension de vos auditeurs s’arrêtent précisément au point où commence votre interprétation spirituelle. Ainsi M. Barton, ce jour-là, réussit bien à fixer l’attention de ces pauvres gens, tant qu’il leur parla du pain et de l’auge à pétrir ; mais il ne fut malheureusement pas capable de les intéresser aux vérités inconnues qu’il avait l’intention d’en faire sortir.

Hélas ! une incapacité naturelle pour l’enseigne-