Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pu se donner le plaisir de parler, même avec hésitation, aux réunions de prières et de se servir d’un anglais incorrect dans sa vie privée ; et ces petites infirmités ne l’auraient point empêché, l’honnête homme, d’être une lumière dans le cercle dissident de Bridgeport. Une chandelle de suif est une excellente chose dans un chandelier de cuisine, et le nez et les yeux de Betty ne sont point aptes à saisir la différence qu’il y a entre le suif et la plus belle cire ; ce n’est que lorsque vous placez cette chandelle dans un flambeau d’argent et que vous l’introduisez au salon, qu’elle paraît commune, jaune et sans clarté. Malheur au digne homme qui, ainsi que la chandelle, se trouve dans une place au-dessus de son mérite ! Il n’y a que des esprits larges qui soient capables de l’apprécier et d’avoir pitié de lui, qui puissent discerner et aimer la sincérité de ses intentions, au milieu de la faiblesse de ses facultés.

Maintenant, Amos Barton, bravant la neige, est arrivé au collège ; il a ôté son chapeau, sa cape et son boa, et dans la salle à manger froide et dallée il lit aux habitants de la maison, assis devant lui, une partie du service du matin.

Rappelez-vous que la nouvelle loi des pauvres n’était pas encore appliquée, et que M. Barton ne fonctionnait pas comme chapelain payé par l’Union, mais comme pasteur ayant la charge de toutes les âmes de la paroisse, des pauvres aussi bien que des autres. Après les prières il leur adressait toujours une courte exhortation sur quelque sujet tiré de la leçon du jour, essayant si, par ce moyen, quelque édification pourrait trouver accès dans l’esprit et la conscience de ces pauvres gens, tâche qui est peut-