Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et à une dissidence acrimonieux. Et Mme Hackit faisait souvent observer que les charbonniers, qui, pour la plupart, étaient mieux payés que M. Barton, passaient leur temps à ne rien faire, sinon à avaler de l’ale et à fumer comme les animaux qui doivent périr tout entiers.

Le mouvement religieux créé par la prédication populaire de M. Parry, le prédécesseur d’Amos, avait cessé, et la vie religieuse de Shepperton redescendait au niveau des basses eaux. Il y avait là, vous le voyez, une terrible proie pour Satan ; et vous pouvez, avec raison, plaindre le Rév. Amos Barton, seul chargé de lui tenir tête et de le sommer de se rendre. Nous lisons, il est vrai, que les murs de Jéricho tombèrent au son des trompettes ; mais nous ne trouvons nulle part que ces trompettes fussent rauques et faibles. Sans aucun doute elles éclatèrent en sons clairs et puissants, pour ébranler le mortier et les briques. Le débit oratoire du Rév. Amos ressemblait plutôt à une trompe de chemin de fer belge, ce qui témoignait de ses intentions louables, mais en même temps de son impuissance à atteindre le but. Car, bien qu’Amos se crût fort, il ne se sentait pas fort. La nature lui avait accordé une bonne opinion de lui-même, mais non la conviction de ses talents. Sans cette disposition à juger favorablement sa propre personne, il n’aurait jamais porté le rabat, mais il eût été un excellent ébéniste ou le diacre dévoué de quelque église indépendante, comme l’avait été avant lui son père (qui n’était point cordonnier, ainsi que l’avait avancé M. Pilgrim). Il aurait pu alors respirer longuement et vigoureusement au coin de son banc à la chapelle de Gun Street ; il aurait