Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

stances. M. Barton n’avait pas une connaissance parfaite de l’orthographe et de la syntaxe anglaises, ce qui était malheureux, car on savait qu’il n’était point érudit en hébreu, et on ne le soupçonnait nullement d’être versé dans le grec. Ces bévues, chez un homme qui avait subi les épreuves éleusiniennes d’une éducation universitaire, surprenaient excessivement les jeunes dames de sa paroisse, surtout les miss Farquhar, auxquelles il avait une fois adressé une lettre commençant par « Chères Meds. », abréviation pour Mesdames. Les personnes les moins surprises des bévues du Rév. Amos étaient ses confrères, qui avaient eux-mêmes passé par là.

À onze heures M. Barton, protégé par sa cape et son boa, sortit malgré la neige qui lui fouettait le visage, pour aller lire les prières à la maison de travail, généralement appelée le « collège ». C’était un gros bâtiment de pierre, situé sur une élévation de terrain qui le faisait apercevoir de dix milles à la ronde. Ce district est dans un pays plat, assez peu agréable à l’œil, même les jours les plus brillants. Les routes sont noircies de poussière de charbon, les maisons de briques salies par la fumée, et, comme en ce temps-là le tissage à la main était encore en usage, on pouvait voir près de la fenêtre de la moitié des chaumières un homme ou une femme à l’air maladif, penché sur le métier et accomplissant avec les jambes et les bras son travail mécanique. Un pénible district pour un pasteur qui, ainsi qu’Amos Barton, attachait une réelle importance au soin des âmes de sa paroisse, car, sans parler de la simplicité rustique des laboureurs, les mineurs étaient d’une ignorance invétérée, et les tisserands adonnés à un radicalisme