Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mousseline, qui, avant son départ, devenait quelque mystérieux petit vêtement, avec toutes sortes de coutures en dedans et en dehors. Elle essayait même de persuader son mari de renoncer aux pantalons étroits, parce qu’il voulait porter les larges canons ordinaires : elle pourrait les faire assez bien pour que personne ne soupçonnât le sexe du tailleur.

Lorsque M. Barton eut fini sa pipe, la bougie avait bien diminué. Mme Barton alla voir si Nanny avait réussi à endormir Walter en le berçant. Nanny a posé l’enfant dans sa couchette, à côté du lit de sa mère ; la tête ornée de boucles brunes s’enfonce dans l’oreiller, et un petit poing potelé cache les lèvres roses, car bébé commet souvent le péché enfantin de sucer son pouce.

Nanny peut maintenant se joindre à la courte prière du soir, puis tous vont prendre du repos.

Mme Barton avait porté avec elle le reste des bas, qu’elle posa sur une table à côté de son lit. Son corps était fatigué, mais, en dépit des chaussures et de M. Woods, le boucher, son cœur ne sentait aucun poids ; il était inondé d’amour, et elle se savait si sûrement sous la garde d’une Providence qui prendrait soin de son mari et de ses enfants mieux qu’elle ne pouvait le prévoir, qu’elle s’endormit bientôt. Mais à cinq heures et demie du matin, si quelque ange veillait près de son lit, — et un ange pouvait être heureux de cette charge, — il put voir Mme Barton se soulever doucement, en prenant garde de ne pas réveiller Amos, qui dormait du sommeil du juste, allumer la bougie, s’asseoir sur son lit, jeter un châle sur ses épaules et se mettre vaillamment à ses raccommodages. Elle travailla jusqu’au moment où elle