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accueilli tous les commérages à leur sujet, et voulait me convertir à son opinion ; mais je lui ai dit très nettement ce que j’en pensais.

— Bonté du ciel ! pourquoi les gens se donnent-ils tant de peine pour trouver le mal chez les autres ? J’ai reçu un billet de la comtesse, depuis que vous êtes sorti ; elle nous invite à dîner pour vendredi. »

Ici Mme Barton prend le billet sur la cheminée et le donne à son mari. Nous regarderons par-dessus son épaule pendant qu’il le lit :

« Très douce Milly, amenez-nous votre charmant visage ainsi que votre mari, pour dîner avec nous vendredi à sept heures, faites cela. Sinon, je vous bouderai jusqu’à dimanche ; je serai bien alors obligée de vous voir, et, malgré cela, je résisterai au désir de vous embrasser suivant votre réponse. Votre

« Caroline Czerlaska. »

« Cela lui ressemble tout à fait, n’est-ce pas ? dit Mme Barton. Je pense que nous pourrons y aller ?

— Oui ; je n’ai point d’engagement. La réunion ecclésiastique a lieu demain, vous savez.

— Ah ! cher ami, Woods le boucher est venu me dire qu’il a besoin d’argent pour la semaine prochaine. Il a un payement à faire. »

Cette nouvelle rendit M. Barton tout pensif. Il renvoya au plafond des bouffées plus rapides et resta les yeux fixés sur le feu.

« Je crois qu’il faut que je prie Hackit de me prêter vingt livres, car il y a encore près de deux mois d’ici à Notre-Dame, et nous ne pouvons donner à Woods notre dernier shilling.