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longue pipe. Décidément, la couleur maïs ne convient pas à son teint ; pourquoi donc M. Barton l’a-t-il choisie pour son costume de maison ? Peut-être parce qu’il a le talent de tomber à faux dans le choix de ses vêtements comme pour le reste.

Mme Barton allume alors la bougie et s’assied devant sa montagne de bas à raccommoder. Elle a quelque chose de pénible à dire à son mari ; mais elle voudrait n’en pas parler trop tôt.

« Avez-vous eu une assez agréable soirée, cher ami ?

— Oui, assez agréable. Ely était aussi du dîner ; il est parti de bonne heure. Miss Arabella a l’air de le menacer d’une vengeance. Mais je ne crois pas qu’il soit bien amoureux. J’ai dans l’idée qu’Ely est engagé ailleurs, et qu’il surprendra toutes les dames qui languissent ici pour lui, en y amenant une épouse un de ces jours. Ely est un rusé compère ; cela lui plairait.

— Les Farquhar ont-ils dit quelque chose au sujet du chant de dimanche dernier ?

— Oui. Farquhar prétend qu’il serait nécessaire de faire quelque changement dans le chœur. Croiriez-vous qu’il a été presque scandalisé que j’eusse indiqué l’air de Lydia ? Il dit qu’il l’entend toujours quand il passe devant la réunion indépendante. » Ici M. Barton se prit à rire, il avait une manière de rire des critiques qui paraissait généralement offensante, et il montrait ainsi les restes d’une rangée de dents qui, semblables aux débris de la vieille garde, pour être peu nombreuses n’en étaient que plus fatiguées.

« Mais, continua-t-il, Mme Farquhar a surtout parlé de M. Bridmain et de la comtesse. Elle a